Ecureuil brun foret en libre évolution Fondation Yves Rocher Emmanuel Berthier

Libre évolution : quand la nature reprend son cours

Le concept de libre évolution de la nature, un levier à la protection de la biodiversité

Alors que 195 États viennent de s’engager à prendre des « mesures urgentes » lors de la COP15 de Montréal, la volonté de prioriser la protection de la biodiversité n’a jamais été aussi forte. Dans ce contexte, et à l’heure du dérèglement climatique, la notion de libre évolution de la nature prend tout son sens. Ce concept, dont l’objectif est de redonner de la place au vivant, nous invite à changer de regard sur notre rapport à la nature sauvage.

Le déclin massif de la biodiversité

Un constat mondial sans précédent

Dans son rapport paru en 2019, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a lancé l’alerte :

« La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier ». Selon ce rapport, un million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction, notamment au cours des prochaines décennies. Et sans actions de restauration, plus de 500 000 espèces terrestres parmi les 5,9 millions existantes (estimation) ne bénéficieraient plus de l’habitat naturel nécessaire à leur survie à long terme. Un constat malheureusement inédit.

 

Des menaces tout aussi préoccupantes en France

Bien que la France soit le plus grand réservoir de biodiversité d’Europe, le constat est similaire. Les menaces sont fortes sur nos écosystèmes : artificialisation des sols et fragmentation des milieux naturels, surexploitation des ressources, pollution de l’air, de l’eau et des sols, usage massif des pesticides en agriculture, chasse, forêts exploitées, cours d’eau aménagés, zones humides drainées, etc. Selon la liste rouge des espèces menacées 2022, le pays se situe parmi les dix pays abritant le plus grand nombre d’espèces concernées. Au même titre, 68 % des habitats menacés en Europe sont présents en France métropolitaine.

L’urgence d’agir en faveur de la biodiversité

La forêt en danger

Les épisodes de grande chaleur et de sécheresse, que l’on connaît notamment depuis 2018, ont mis en lumière la vulnérabilité de nombreuses espèces d’arbres non indigènes, inadaptées ou peu résilientes au changement climatique. Selon l’Office National des Forêts, plus de 300 000 hectares de forêts publiques en France sont touchés, soit « environ 30 fois la superficie de Paris ».

 

Alors que 30 % de nos forêts sont déjà fragilisées ou menacées par le changement climatique, l’été 2022 aura été marqué, une fois de plus, par des incendies dramatiques. De plus en plus destructeurs, ces feux ravagent les forêts de façon exponentielle : sur les 40 dernières années, les trois plus grands incendies (plus de 5 000 hectares en feu) se sont produits en 2021 et 2022, et la superficie brûlée l’an passé (61 921 hectares) est sept fois plus importante qu’entre 2006 et 2021 (9 117 en moyenne).

 

Autre impact de ce climat exceptionnellement chaud et sec : le développement d’insectes ravageurs, et notamment le scolyte, ce petit coléoptère qui se nourrit de bois et de la sève des épicéas. Particulièrement présent dans les forêts du Grand Est, cette épidémie continue de s’étendre sur la quasi-totalité des forêts d’épicéas de la moitié nord de la France. Fin septembre 2022, la DRAAF de la Bourgogne–Franche-Comté annonçait un volume de bois infecté de 8 millions de m³ depuis septembre 2018 pour l’ensemble de la région, et une très probable poursuite de la phase épidémique au moins jusqu’à mi-2023.

 

Dans ce contexte de crise écologique, les actions de conservation et de restauration des milieux naturels, bien qu’indispensables, ne sont malheureusement plus suffisantes.

 

Une prise de position indispensable

L’ampleur et la vitesse des changements globaux accélèrent les engagements. La COP15 de Montréal a permis à la communauté internationale de s’accorder sur l’objectif de sauvegarder et de conserver au moins 30 % de la planète d’ici à 2030. Pour les mêmes raisons, la France s’est dotée d’une stratégie nationale ayant pour finalité de réduire les pressions sur la biodiversité, de préserver et restaurer les écosystèmes et de susciter des transformations en profondeur d’ici 2030 également. Le gouvernement français s’est ainsi engagé à déployer des aires protégées sur 30 % des espaces terrestres et maritimes, dont 10 % identifiés en protection forte (quand seulement 1,8 % de ces espaces le sont aujourd’hui).

 

Cette stratégie de protection renforcée cible en priorité les milieux remarquables et riches en biodiversité ou particulièrement vulnérables face aux changements à venir. Les mesures incluent notamment la libre évolution d’écosystèmes, concept émergent qui prend de l’ampleur parmi les stratégies de gestion des milieux naturels, à l’échelle nationale comme européenne.

Libre évolution : redonner de la place à la nature

Laisser les espaces naturels évoluer librement

Pour permettre à la nature de reprendre son cours dans de bonnes conditions et se développer sans contrainte, le concept de libre évolution, incluant la notion de naturalité, est un levier particulièrement intéressant. Le terme trouve son origine dans l’équivalent anglophone « wilderness » (« nature sauvage »), défini par l’ONG Wild Europe comme une zone gouvernée par des processus naturels, non ou peu modifiée et sans activité humaine intrusive ou extractive, habitat permanent, infrastructure ou perturbation visuelle. Il s’agit ainsi d’un mode de gestion des milieux naturels qui limite au maximum l’intervention humaine dans l’intérêt de la vie sauvage. Selon les biologistes, ces espaces à forte naturalité potentielle sont souvent présentés comme des modèles plus résilients face au changement climatique ou aux espèces exotiques envahissantes.

Des initiatives de réensauvagement à l’échelle européenne

Bien que le terme de libre évolution n’apparaisse pas en tant que telle dans l’actuelle stratégie nationale biodiversité 2030, les gestionnaires d’espaces naturels ont la possibilité de choisir cette pratique. À l’échelle européenne, de multiples initiatives sont également prises en faveur d’un réensauvagement de certains territoires. Dans cette vision plus vaste, la libre évolution implique la réintroduction d’espèces animales ou végétales dites « clés de voûte » ou « architectes » (les espèces créant un environnement favorable à d’autres espèces) dans un lieu où elles ont disparu, ou encore la création de zones protégées permettant aux écosystèmes de développer leurs fonctions écologiques en toute liberté.

La libre évolution, une pratique en devenir

Les forêts ont ainsi été les premiers milieux à faire l’objet d’une mise en libre évolution.

Pour réensauvager la nature, plusieurs associations en font l’acquisition. C’est le cas de l’association Forêts Sauvages qui s’engage pleinement dans la libre évolution des forêts. Grâce à des acquisitions foncières de parcelles de nature sauvage, l’association vise à préserver la biodiversité locale et son écosystème, en écartant toute intervention humaine.

 

D’autres initiatives intéressantes sont à souligner, à l’instar du biologiste français Francis Hallé qui ambitionne de faire renaître une forêt primaire de 70 000 hectares en Europe de l’Ouest. Comme le souligne le biologiste : « Une forêt a besoin d’environ un millénaire pour redevenir primaire et retrouver le sommet de la biodiversité ». Son association est ainsi en quête d’une zone forestière transfrontalière, avec une base française, qui pourra se développer de façon autonome et renouveler sa faune et sa flore sans aucune intervention humaine sur une période de plusieurs siècles. Un projet inédit, sur le très long terme, impliquant les générations futures.

Le programme Plant For Life : agir pour les arbres

Depuis plus de 30 ans, la Fondation Yves Rocher se mobilise pour la biodiversité en soutenant des actions locales de reboisement à travers le monde. À travers le programme Plant for Life, ce sont déjà près de 120 millions d’arbres qui ont pu être plantés dans 35 pays. Et les efforts ne s’arrêtent pas là : la Fondation Yves Rocher s’engage à soutenir des projets d’agroforesterie, à accompagner des actions de restauration et de libre évolution de nos forêts, tout en éveillant et en encourageant l’engagement citoyen.

⏩ Découvrez les actions du programme Plan For Life en France et dans le monde

Au moment où le contexte climatique nous oblige à repenser les pratiques de protection de nos écosystèmes, l’accroissement des initiatives, telles que la libre évolution des forêts, prouve que de nouveaux leviers pour préserver la biodiversité sont à notre portée.

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