Protéger les zones humides : l’urgence d’agir
De par leur richesse en habitats et en espèces, leurs fonctions écologiques et les services rendus à la collectivité, les zones humides jouent un rôle crucial pour l’avenir de l’humanité et de la nature. Pourtant, elles font face à des menaces persistantes à l’échelle mondiale. Alors que ces alliées précieuses disparaissent trois fois plus vite que les forêts, il est plus que jamais urgent de les préserver afin d’assurer la bonne santé de nos territoires.
Le rôle fondamental des zones humides
Qu’est-ce qu’une zone humide ?
Espaces de transition entre la terre ferme et l’eau, les zones humides sont multiples : marais, marécage, tourbières, terrains inondables, estuaires, deltas, lagunes, mangroves, etc. Ces espaces sont de fabuleux réservoirs de biodiversité dont dépendent 100 % des d’amphibiens (grenouilles, crapauds, salamandres, tritons…), 50 % des oiseaux et 30 % des plantes remarquables et menacées en France, ainsi que de nombreuses espèces de poissons et d’insectes.
Ces espaces sont parmi les écosystèmes les plus précieux de la planète. Elles rendent de multiples services indispensables à l’homme tels que l’approvisionnement alimentaire, la régulation et la purification de l’eau, ou encore l’absorption du dioxyde de carbone. Leurs fonctions dépolluantes favorisent les dépôts de sédiments et piègent les substances néfastes, comme les nitrates et les phosphates, contribuant ainsi à améliorer la qualité de l’eau.
Des milieux essentiels et pourtant menacés
Autrefois considérées comme lieux inutiles, voire nuisibles, beaucoup de zones humides ont été dégradées ou détruites dans le cadre de politiques publiques ou d’initiatives privées. Selon les Nations Unies, 35 % d’entre elles ont disparu en 50 ans et toutes les études démontrent que ce déclin est continu aux quatre coins du monde.
Les principales causes de destruction ou dégradation des milieux humides sont nombreuses : intensification des pratiques agricoles, pression de l’urbanisation et infrastructures de transport, pollution, espèces envahissantes… Elles sont également liées à l’exploitation forestière, à la chasse et à la pêche d’espèces indispensables au fonctionnement de ces zones.
Un enjeu majeur aussi bien global que local
Une prise de conscience collective
Les années 70 marquent la prise de conscience de la richesse biologique des zones humides. Alors que leur dégradation s’accélère, elles se retrouvent au cœur des préoccupations internationales et les mesures de sauvegarde sont, dorénavant, aussi urgentes qu’indispensables.
En 1971, la convention de Ramsar adopte une définition large des zones humides : « des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres ». Ce traité intergouvernemental engage alors ses 172 membres, dont la France, dans une démarche collaborative de conservation et d’utilisation rationnelle des zones humides.
Des engagements communs et durables
L’identification de sites Ramsar au titre de cette convention constitue un label fort à l’échelle internationale. Les pays signataires sont engagés à préserver plus de 2 300 zones humides, soit 250 millions d’hectares. En France, ce sont 52 zones humides d’importance internationale (Métropole et Outre-mer) recensées en 2022, représentant une superficie cumulée de 3,7 millions d’hectares.
Cette instance permet également d’expérimenter et de mettre en place un réseau solide, particulièrement pour certaines nations dont les moyens sont limités. Dans cet objectif, la conférence des parties (COP) contractantes, organe directeur de la convention, se réunit tous les 3 ans pour dresser le bilan des actions menées et entériner le plan de travail des 3 années suivantes. Dans cette optique, la prochaine COP14 se tiendra du 5 au 13 novembre 2022 à Wuhan en Chine, avec pour thème « les actions relatives aux zones humides pour les personnes et la nature ».
Terre de Femmes International Award 2023 : les zones humides à l’honneur
La protection des zones humides est un enjeu central dans la lutte pour la protection de la biodiversité et des ressources en eau. À ce titre, la Fondation Yves Rocher dédie la 5e édition de son programme « Terre de Femmes International Award » au thème des zones humides . Cette récompense vise à mettre à l’honneur le projet d’une femme ou d’un collectif de femmes (association, Fondation, ONG) qui contribue à la préservation de ces milieux si fragilisés. Ce prix est ouvert à toutes les citoyennes du monde engagées en faveur de la protection de l’environnement.
L’Observatoire de la biodiversité, l’illustration d’un engagement local et collectif
C’est à proximité de La Gacilly en Bretagne, sur le site de la ferme de Villeneuve, que la Fondation Yves Rocher a souhaité créer un projet d’Observatoire de la biodiversité. Grâce à des actions de restauration et de gestion adaptée, cette prairie humide de 8 ha a pu être réhabilitée pour offrir un espace ouvert au grand public où l’on peut se promener et apprendre.
Ce projet est le fruit d’un engagement local et collectif : associations locales, salariés Yves Rocher volontaires, Ligue pour la Protection des Oiseaux, Fédération de la pêche, EPTB Vilaine, GRETIA, SMGBO, GMB, et bien d’autres encore… En mutualisant les expertises, les mesures de restauration ont permis la renaissance de ce milieu et contribué au développement de la biodiversité locale et de nouvelles espèces adaptées aux prairies humides. Un vrai projet de territoire qui fait écho à l’enjeu de la sauvegarde des zones humides en France.
⏩ Découvrez l’Observatoire de la biodiversité
Sources :
Zones humides, Service Public
Convention de Ramsar, site officiel
Perspectives Mondiales des Zones Humides, Ramsar, 2018
