Alexane forme au métier de fleuriste des femmes en difficulté tout en les sensibilisant aux bonnes pratiques environnementales.
Comment vous est venue l’idée de monter votre projet Du Pain & des Roses ?
Alexane Heredia : Mon parcours est un peu atypique… Lors de mes études à Sciences Po, j’ai découvert l’économie sociale et solidaire et cela a résonné en moi. Il faut dire que la solidarité c’est une affaire de famille. J’ai toujours vu mon père très engagé dans ses activités syndicales et mes parents m’ont transmis des valeurs de partage. J’ai donc, assez naturellement, choisi de m’engager dans des projets avec une dimension solidaire : un réseau d’ESS portugais, une banque communautaire brésilienne, un réseau européen d’acteurs de l’économie solidaire et un incubateur tunisien au service de l’entreprenariat social. Et puis finalement, j’ai eu envie de développer un projet de terrain où je pourrai voir mon impact concrètement et innover !
Pouvez-vous nous expliquer votre projet Du Pain & des Roses ?
A.H. : Le projet s’adresse à des femmes éloignées de l’emploi et souvent en rupture sociale. Nous leur proposons une formation professionnalisante de 250 heures au métier de fleuriste pour leur permettre de retrouver confiance et autonomie.
Notre accompagnement vers l’emploi est engagé car nous partageons avec elles les enjeux de la fleur durable, de la préservation de la biodiversité
et de l’importance d’un art floral basé sur le travail des végétaux français et de saison. Nous pensons que l’activité, en offrant un métier, peut nourrir, mais aussi apporter juste ce qu’il faut de beauté au quotidien pour permettre à ces femmes de s’épanouir.
Avec Du Pain & des Roses, nous voulons renforcer l’éveil d’une conscience écologique chez nos apprenties et ouvrir notre clientèle à la nécessité de soutenir la filière de la fleur française pour soutenir nos horticulteurs locaux.
Qui sont les femmes que vous accompagnez ?
Nous travaillons auprès de femmes dont le parcours est difficile. Certaines sont mères célibataires, sortent de prison, ont connu l’addiction, les violences. Pour la plupart d’entre elles, il n’est pas possible d’intégrer les filières de formations classiques. Elles ont besoin d’un accompagnement particulier. Les sessions sont, par exemple, exclusivement féminines car la mixité peut être un élément compliqué à gérer pour elles qui ont souvent été victimes de violences. Et puis, on ne pense pas forcément au métier de fleuriste pour la réinsertion !
Or c’est un métier créatif pour lequel on peut se former rapidement et où il y a de la demande ! La formation est construite en deux temps : d’abord une partie théorique enseignée par une fleuriste formatrice, puis une mise en pratique lors d’une immersion professionnelle qui se passe dans notre kiosque à fleurs et boutique-école situé dans le 9ème arrondissement de Paris.
Quelles opportunités s’ouvrent à elles après la formation ?
Le parcours proposé leur donne l’opportunité de reprendre confiance, de trouver une voie professionnelle qualifiante et surtout de s’engager vers un métier valorisant. Le travail délicat autour des fleurs est aussi une façon d’apprendre pour chacune à prendre, enfin, soin d’elle-même. Et puis, bien sûr, quand cela débouche sur un emploi, le pari est gagné ! Nous avons déjà plusieurs femmes formées qui ont trouvé des CDD puis des CDI chez des fleuristes.
Où en est le projet aujourd’hui ?
Tout va bien ! Là, le pari est clairement gagné. Nous venons par ailleurs d’ouvrir une nouvelle antenne à Nantes et espérons pouvoir développer le projet dans d’autres villes de France. Je suis vraiment heureuse et j’espère pouvoir bientôt dire « Du Pain & des Roses partout et pour toutes » !
Plus d’informations sur le projet d’Alexane :
Site de l’association : www.dupainetdesroses.org
