Avant ce reportage, je regardais un arbre comme beaucoup de citadins. Sans le comprendre, sans le connaître.
Chaque année, 13 millions d’hectares de forêts disparaissent soit d’un quart de la surface de la France. Le combat pour sauver la masse forestière de la planète se joue aussi aux portes de l’Europe. La plus grande et la plus vieille forêt primaire d’Europe se trouve en Pologne. La Roumanie, de son côté, abrite deux tiers des dernières forêts primaires du continent (sans compter la Russie). Un héritage biologique et écologique unique, vieux de plusieurs milliers d’années, mis en péril par une déforestation agressive et souvent illégale dont se rendent parfois complices de grands groupes industriels. C’est pour endiguer ce fléau que l’UNESCO a d’ailleurs décidé, en 2017, de placer certaines de ces forêts au patrimoine mondial de l’humanité.
Engagée auprès de plusieurs organisations, dont le WWF en Hongrie, la Fondation Yves Rocher a demandé à Guillaume Herbaut de sillonner les routes de cette sublime et tragique Europe de l’est. Voyage de près d’un mois à travers les terres outragées par la surexploitation par l’homme des ressources naturelles, qu’elles soient le bois ou encore l’ambre. Au bout de ce voyage photographique la Hongrie arrive comme porteuse d’espoir. Dans ce pays à la surface forestière relativement faible, de multiples réserves ont été créées depuis le début des années 1990 afin de les préserver.
En Hongrie, depuis plusieurs décennies ils mènent de très belles actions pour l’environnement. Si eux peuvent le faire, d’autres pourront leur emboîter le pas
UN ÊTRE SACHANT CONTER
Ce road-trip de Guillaume Herbaut a presque une valeur de voyage initiatique. Avec son objectif en guise de plume, il trace le récit des forêts d’Europe de l’est en multipliant les angles et les histoires, pour en extraire une moëlle indispensable au journalisme de qualité : la profondeur. D’une richesse et d’une diversité rares son travail nous offre une perspective précieuse qui nous permet de mieux comprendre les enjeux économiques, écologiques et sociologiques majeurs qui s’y jouent.
Récompensé par une kyrielle de prestigieux prix, le travail de Guillaume est également régulièrement publié dans la presse (française et internationale. Déjà exposé dans les grandes institutions du monde de la photo comme à La Gacilly mais également à Arles et à Visa pour l’Image où il fit ses débuts dans les années 1990, il ne craint pas aussi d’explorer les nouveaux formats narratifs comme avec son webdocumentaire remarqué « La Zone » et sa chronique « Terres d’élection, une chronique de France » pour Arte.