Yann Arthus-Bertrand, fondation good planet

Yann Arthus-Bertrand

La terre vue du cœur

Photographe, reporter, réalisateur et surtout écologiste engagé, il a regardé la terre depuis le ciel pour mieux nous la raconter. Il évoque avec nous ses inquiétudes et ses espoirs.

Photographe engagé, vous avez survolé la beauté de la terre pour dire toute sa fragilité. Aujourd’hui, le monde entier regarde l’Amazonie brûler. Quel est votre sentiment au regard de la situation ?

Quand je suis né nous étions 2 milliards sur la terre. Aujourd’hui, nous sommes presque 8 milliards. Notre civilisation est en route et on ne peut pas l’arrêter. L’être humain veut vivre mieux et consomme. Cela a forcément un impact. On pense que la consommation et la croissance sont une richesse. Aujourd’hui, c’est vrai, nous sommes tous beaucoup plus riches. Dans le monde, une personne sur neuf souffre de la faim. Avant, c’était une personne sur trois. On vit plus vieux, le taux de mortalité infantile a baissé. L’être humain va beaucoup mieux. Dans cette course au progrès, on s’est beaucoup occupé de l’humanité. A l’inverse, l’environnement s’est dégradé. Les feux en Amazonie ne sont que la continuation de nombreux autres incendies dans le monde : en Sibérie, en Afrique, etc.

On cherche à pointer du doigt les autres. Mais, nous sommes tous un peu responsables.

Qui sont les responsables de ces désastres écologiques ?

Je m’interroge. Comment critiquer les feux en Amazonie, alors que la France importe des milliers de tonnes de soja brésilien pour l’élevage intensif ? Nous sommes face à un déni collectif. On cherche à pointer du doigt les autres. Mais, nous sommes tous un peu responsables. L’homme a perdu le lien avec la nature. L’écologie, en ce sens, est un peu un guide de vie. On réagit, on se met en colère et on finit par agir, chacun à son niveau, en essayant de vivre bien, tout en faisant les choses au mieux pour l’environnement. Il ne faut pas avoir peur du monde qui arrive. Il est là. Il faut l’accepter et chacun doit faire ce qu’il peut.

Comment la situation a-t-elle évolué depuis que vous faites ce métier ?

Aujourd’hui, on parle beaucoup de changement climatique. Mais, quand j’ai fait le film « Home » il y a 10 ans, on consommait 85 millions de barils de pétrole par jour. Aujourd’hui, les chiffres sont passés à 100 millions. Il nous faut réduire nos exploitations forestières, pétrolières, de charbon, et de gaz. Cependant, il y a comme un réflexe de l’humain à toujours vouloir aller de l’avant. C’est instinctif. Mais, aller de l’avant à 8 milliards, ce n’est pas possible. Nous devons tous y réfléchir. Je ne supporte plus cette tendance à pointer du doigt, la responsabilité des autres, celle des politiques, des lobbies, etc. C’est notre faute à tous. Chacun d’entre nous est concerné et doit agir.

La responsabilité face à ce qui se passe en Amazonie n’est pas que brésilienne. Comment pouvons-nous peser pour changer les choses ?

Les Nations Unies sont les « nations désunies » ou l’égoïsme des nations. Chacun essaie d’amener sa voix. Dans les Accords de la COP 21, il n’y a même pas les mots : énergies fossiles, charbon, pétrole, etc., afin que les pays producteurs acceptent de signer. Comment peut on avancer ? Finalement on a les hommes politiques qu’on mérite. L’homme politique est le reflet de ce qu’on veut. Il faudrait avoir le courage de dire non. Sur la question des pesticides, par exemple, nous devrions être un million dans la rue, devant l’Elysée pour s’y opposer fermement et ne pas laisser quelques lobbies d’agriculteurs ou d’industriels s’imposer. Chacun peut agir en votant bien, en consommant de façon responsable. Nous sommes tous acteurs. Si tout le monde mangeait bio, il n’y aurait pas de Monsanto en France. C’est aussi simple que cela.

Nous pouvons tous être utiles, à tous les niveaux : architectes, boulangers, instituteurs, chacun fait son job. 

Comment les Fondations comme la votre Goodplanet peuvent être utiles ?

En ce qui me concerne j’ai fait une Fondation pour essayer d’agréger les bonnes choses, de faire plus pour l’environnement. J’ai ouvert cet endroit gratuitement au public pour partager avec un maximum de personnes sur les sujets environnementaux. Je suis devenu un mendiant professionnel pour ma Fondation. Mais je ne me plains pas trop, parce que ça marche. Chacun fait ce qu’il peut comme il le peut.

Pour plus d’infos sur Yann Arthus-Bertrand :

Site www.goodplanet.org

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