À la recherche
des légumes perdus
Avis de recherche : légumes oubliés
Telle une détective privée, avis de recherche sous le bras et croquis de légumes à l’appui, Fanny sillone le Centre Val de Loire à la recherche de trésors oubliés de la biodiversité. Melon Sucrin de Tours, Grosse Hâtive d’Orléans, Âne du Berry… Derrière ces noms hauts en couleurs se cachent des variétés anciennes de fruits et légumes, mais aussi des races locales d’animaux, souvent en voie de disparition.
Graine d’enquêtrice
Cette quête passionnée, cet amour des espèces et de leur diversité, Fanny les puise dans sa plus tendre enfance. Petite, elle passait des heures à arpenter les chemins, les champs des agriculteurs voisins, les vergers. « J’étais comme un écureuil. Je cueillais tout, fascinée par la différence de tailles, d’aspects, de textures. Je posais des questions sur les semences, les cultures, le greffage. Ça m’a permis de comprendre l’histoire de la génétique ». L’ingénieure agronome qui travaille aujourd’hui à l’URGC, ardente protectrice de la biodiversité, était déjà en germe.
Recherche légumes oubliés désespérément
Fanny débusque ces trésors en danger grâce au bouche à oreille, qui a déjà permis de redécouvrir plus de 45 variétés. « Les gens, sans même le savoir, ont de véritables trésors dans leur grenier », sourit l’ingénieure. Ensuite, Fanny et son équipe confient les variétés à des chercheurs de l’INRAE et à des producteurs de semences. Après un travail colossal certifiant leur identité variétale, leur caractère patrimonial et leur archivage, Fanny et son réseau de maraîchers réalisent des essais de culture en champs. « Rien que cette année, nous avons trouvé dix variétés grâce aux appels à témoins et à notre réseau de collecteurs et de chercheurs ! »
Avoir le gène de l’engagement
En sauvant ces variétés de l’oubli, Fanny ne contribue pas seulement à préserver une forme de mémoire vivante. Elle oeuvre aussi, à son échelle, à maintenir l’équilibre de la biodiversité tout en consolidant la sécurité alimentaire, car la diversité génétique permet aux espèces végétales de mieux résister aux aléas climatiques, au réchauffement de la planète ou aux maladies. « La différence génétique est une force, il est essentiel de la préserver ». Ce grand mouvement de préservation regroupe aujourd’hui
citoyens et agriculteurs.
