Guillaume Herbaut, journaliste engagé

Guillaume Herbaut

Un être sachant conter

Dans le cadre de la mission photographique, Fondation Yves Rocher a demandé à Guillaume Herbaut de sillonner les routes forestières de cette sublime et tragique Europe de l’est. Récit d’un saisissant roadtrip

Vous venez de réaliser un travail sur la Fondation Yves Rocher et son programme de plantation d’arbres, en Ukraine, en Roumanie et en Hongrie. Comment avez-vous appréhendé cette commande ?

Une commande, quelle qu’elle soit, c’est toujours une pression pour un photographe. Mais après avoir vu le niveau du travail de mes confrères, avant de commencer, forcément, ce fut encore plus le cas. J’ai beaucoup apprécié le fait de devoir faire ce road-trip et de ne pas être cantonné à un seul pays. Ce fut un vrai défi pour moi : trouver le bon équilibre entre prendre les photos et trouver le temps de voyager. Parfois, on a dû prendre la route la nuit pour travailler la journée, avant de repartir immédiatement. En une vingtaine de jours, on a parcouru plus de 5000 kilomètres.

Vous n’êtes pas vraiment un photographe qui se spécialise sur les sujets concernant la nature ou l’écologie. Qu’avez-vous découvert en travaillant sur la déforestation ?

Je vais être honnête : avant ce sujet, je ne m’intéressais pas du tout à la forêt. Je regardais un arbre comme n’importe quel citadin. Sans le comprendre, sans le connaitre. J’ai découvert que derrière ce « simple » sujet écologique et le phénomène de la déforestation, il y a des réseaux criminels et des intérêts économiques opaques ; et que les gens qui se battent contre ces exactions sont menacés et, parfois, subissent même des tentatives d’assassinat. Lorsque j’ai réalisé que les forêts de Roumanie perdaient chaque jour plus de trois stades de football au prix de la déforestation illégale, ça m’a fait un réel choc. De la même manière que lorsque nous sommes arrivés sur des territoires où se déroulent la prospection et le trafic d’ambre.

Une partie du reportage se déroule à Tchernobyl, qui est une région que vous connaissez particulièrement bien. Avez-vous pu découvrir, ou redécouvrir un aspect de cette zone ?

En 2011, le magazine américain Wired m’avait demandé de faire un travail sur la nature à Tchernobyl. J’avais donc déjà un peu effleuré le sujet. Du coup, pour cette partie de l’Ukraine, ce fut plus une continuité qu’une redécouverte. J’ai pu constater l’évolution impressionnante de la végétation qui grignote un peu plus les routes et colonise même des maisons que j’ai connues habitées par des gens qui ne sont plus là aujourd’hui.

Vous êtes un photojournaliste qui collaborez majoritairement avec la presse française et internationale. Quel a été votre sentiment en travaillant avec la Fondation Yves Rocher ?

J’adore leur action. Vraiment. Quand on est sur le terrain, en tant que journaliste, on voit souvent beaucoup d’institutions privées ou des ONG qui raisonnent à court terme et veulent des résultats tout de suite sur le problème qu’ils veulent traiter. Sur ce sujet, j’ai pu voir que les organisations avec lesquelles travaille la Fondation Yves Rocher sont dans une temporalité beaucoup plus longue : 30, 40 voire même 50 ans. Alors c’est moins spectaculaire, mais c’est beaucoup plus humble, et, surtout, beaucoup plus efficace. Ils apportent un réel espoir et ça, c’est vraiment rare.

Vos photos vont être vues par plusieurs milliers de personnes. Qu’aimeriez-vous qu’elles retiennent de ce travail sur la déforestation à travers l’Europe de l’est ?

Je pense qu’il est primordial que l’on s’interroge sur la provenance des produits que nous consommons. Nous le faisons déjà avec la nourriture : et c’est formidable. Exiger de savoir d’où vient ce que l’on achète et surtout connaître les méthodes de production, c’est la première étape dans l’endiguement de ce fléau. Sur le bois, comme sur la viande, il faudrait une traçabilité. Et puis aussi, réaliser qu’avec une vraie politique de la forêt, les gouvernements peuvent faire des choses formidables. Le reportage se termine en Hongrie où depuis plusieurs décennies ils ont réussi à mener de très belles actions pour l’environnement. Si eux peuvent le faire, d’autres pourront leur emboîter le pas.»

A l’Est, les forêts font de la résistance

Découvrez la mission photographique
de Guillaume Herbaut (Europe de l'est)

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